Aux Pays des Prises de Têtes, mon électricien est roi

Et c'est moi la Reine

On a fait la galette des rois, une des rares traditions judéo-chrétienne encore en vigueur dans mon humble kolkhoze. Comme d'habitude, c'est, bien évidemment, moi qui ai gagné. Je gagne depuis la nuit des temps. Ce n'est pas sain. Cela ne fait que renforcer mon sentiment d'omnipotence. Et mon potentiel despotique. Comme les miss, je dédie chaque année ma couronne aux plus nécessiteux. J'aurais pu la dédier aux milliers de mort du tsunami. Mais bon, en despote qui se respecte, cet élan humanitaire aurait terni mon vernis d'inhumanité. Tututu !!!

Mon triomphe est donc dédié  à tous les gens qui se prennent la tête. Et comme je suis la plus fervante pratiquante de cette foi auto-analytique, je me couronne moi-même une deuxième fois, Napoléonne moderne prenant des mains du pape son diadème impérial pour se la ficher dans le chignon.

Aujourd'hui, j'ai fait défiler devant mon trône les plus torturés de mes artistes-sujets. J'ai été déçue. Je pensais qu'ils allaient me faire larmoucher. Bon, y'en a bien un qui a presque réussi : il m'a offert ce tableau digne des grands maîtres :

Troublant de beauté, non ?

Aussi émouvante que cette oeuvre soit, je savais que la seule artisane de la vraie déprime et de la remise en question inutile ne portait pas la couronne pour rien. J'ai donc fait appel à mes propres services, me garantissant ainsi un travail bien gâché, une émotion forte, des remords perçants et des larmes bien humides. J'ai entraîné dans ma chûte mon troubadour en chef, ma chef des armées en chef et la reine mère en chef (mais là c'est de sa faute, elle a voulu que je m'épenche sur ma vie....). Depuis, je frissonne sans cesse, je ne sais plus très bien où j'en suis et je me pose 21 questions existencielles (Où cous-je ? Pourquoi gamberge-je ? Vers où erre-je ? Qu'ouis-je? Comment m'assume-je ? etc.), tous ces symptômes me rassurant sur un point : je ne suis pas la reine du Pays des Prises de Tête par hasard.

Je ne sais si c'est la grippe ou la déprime, mais en tout cas, je me sens mieux !